J’ai effectué mes études post bac en Marketing dans une école de commerce. Après un double diplôme à Chicago, et quelques stages en Marketing chez L’Oréal puis Clarins, je suis passée Chef de Produit Développement en produits de soins de la peau chez LVMH, d’abord chez Dior puis chez Givenchy.
C’est en entrant chez Givenchy, il y a 2 ans environ, que j’ai commencé à m’intéresser à la photographie ainsi qu’à l’environnement, et par extension au véganisme.
A cette époque, j’éprouvais un certain ennui dans ma vie, j’étais à la recherche de sens. Je me questionnais beaucoup sur ce que je voulais sincèrement faire de ma vie, si le poste que j’occupais me convenait finalement vraiment. A 25 ans, j’avais atteins cet objectif de vie auquel je croyais aspirer depuis des années ; je ne me sentais pour autant pas véritablement heureuse. J’ai alors remis en question la définition que je me faisais du bonheur, le vrai. Je me suis posée 1 milliard de questions sur qui j’étais et sur ce à quoi j’aspirais réellement. J’avais besoin de me nourrir de nouvelles rencontres, d’explorer mon moi intérieur.
J’ai alors pris la décision de quitter mon travail il y a environ 9 mois. C’était devenu vital pour moi, j’étouffais. Aujourd’hui, je suis photographe, et auto-entrepreneure. Je travaille sur le lancement de ma propre marque de mode végane, Wilo, qui devrait voir le jour dans les prochaines semaines ! Une nouvelle aventure qui commence.
Comment t’es-tu initiée à la photo ?
Le rythme était particulièrement intense chez Dior, donc une fois arrivée chez Givenchy, j’ai pu m’accorder du temps pour explorer de nouveaux centres d’intérêts. Avec les réseaux sociaux, et notamment instagram, la photographie m’est un peu apparue comme une évidence. J’ai alors commencé à suivre de nombreux comptes qui m’ont énormément inspirés, et motivés à me lancer à mon tour. J’ai regardé quelques tutos sur Youtube, et lu pas mal d’articles sur les fondamentaux de la photographie réflex. Et bien entendu, beaucoup de pratique !
J’ai toujours un peu de mal à donner une date exacte pour être honnête. J’étais végétarienne depuis de nombreuses années avant de remettre totalement en question le contenu de mon assiette, et plus globalement, de mon mode de vie. J’ai commencé par éplucher des centaines d’articles de presse sur les problématiques environnementales dans le monde ainsi que sur les solutions qu’il était concrètement possible de mettre en place. Plus je m’informais, plus j’avais honte de la manière dont nous traitions notre planète et son vivant. Et plus j’avais envie d’agir, à mon échelle.
J’ai lu « Antispéciste » d’Aymeric Caron. J’ai regardé « Cowspiracy » et « What the Health ». J’ai écouté le discours bouleversant de Gary Yourovsky.
Je suis ensuite tombée par hasard sur internet sur le projet de Raph et Cheyma, « Aujourd’hui Demain » - un concept store 100% vegan, qui a récemment ouvert ses portes dans le 11eme arrondissement de Paris. Je leur ai envoyé un mail, car j’avais envie de les aider. C’est probablement l’une de mes plus belles rencontres que j’ai pu faire, ce sont des personnes incroyablement bienveillantes et inspirantes. J’admire le chemin qu’ils ont accompli et les efforts qu’ils mettent au quotidien pour faire vivre leur lieu.
C’est à partir de cette rencontre, et de toutes celles qui s’en sont suivi, que le véganisme a pris une place prépondérante dans ma vie ; c’est à partir de cette rencontre que j’ai décidé de sauter le pas, et de vivre la vie qui me correspondait vraiment.
Devenir végane m’est apparu comme un acte évident dans mon changement de mode de vie : la sur exploitation des animaux est aujourd’hui responsable de plus de 14% des émissions de GES, c’est plus que l’ensemble des transports réunis. Plus de 80% de la forêt Amazonienne a aujourd’hui été détruite au bénéfice de l’exploitation du bétail. Notamment, pour la monoculture de soja, dont les ¾ sont destinés à nourrir ce dit bétail.
Je suis végane et antispéciste, c’est à dire que je considère de façon équivalente la vie de chaque être vivant. Ce n’est pas parce que l’Homme s’est auto proclamé espèce dominante, qu’il peut s’accorder le droit d’exploiter les autres espèces pour son propre plaisir. Si nous sommes effectivement dotés de capacités physiologiques si hautes, nous devrions avoir suffisamment d’intelligence pour ne pas les utiliser pour exploiter et pour tuer. Mais bien pour faire naitre cette nouvelle humanité à laquelle nous aspirons finalement tous. Il est temps que nous reconsidérions notre statut, que nous fassions preuve d’altruisme et d’empathie, et que nous prenions du recul sur notre place réelle parmi le monde du vivant.
C’est d’ailleurs sur ce mantra de base que j’ai voulu construire l’ADN de ma marque, Wilo (@wilo_official).
Je ne suis pas une très grande cuisinière, mais je dispose selon moi des essentiels de survie :) J’ai une large collection de bocaux en verre, que j’approvisionne en vrac dans les magasins bio avec des noix (noix de cajou, amandes, noix de macadamia), fruits secs (figues, bananes, mangues, raisins, baies de goji), et oléagineuses (lentilles, pois chiches, etc). Dans mon frigo, j’ai toujours un pot de Sojade (je plaide coupable), du tofu et une brique de lait végétal (le lait riz-épeautre-noisettes de la marque Bonneterre est mon favoris, je le mélange avec du lait de soja, beaucoup plus neutre, pour que ce soit moins sucré en bouche). Et bien sûr des fruits et légumes frais.
Si tu cuisines, une recette que tu aimes faire régulièrement ?
J’évite de partir dans des recettes trop complexes, je ne suis de toute façon pas suffisamment patiente pour cela ! Le petit déjeuner est mon repas préféré, donc j’ai plutôt tendance à me rabattre sur des petites recettes sucrées simples, saines et rapides – comme des bowls sucrés par exemple.
Je pense que celles et ceux qui me suivent depuis quelques temps connaissent maintenant ma recette de cookies fétiche, végane et sans gluten : les cookies au chocolat et graines de chia de Deliciously Ella. Les ingrédients sont à la fois sains et gourmands, la recette est ultra rapide et sincèrement inratable.
J’ai en effet mes petites routines ! Elles changent de façon périodique bien sûr pour éviter la lassitude. Mais elles me sont importantes, elles me donnent des repères, structurent mes journées.
As-tu une routine du matin ?
Un jour sur deux, mon réveil sonne à 5h45. La première chose que je fais c’est allumer ma bouilloire. Selon l’envie, je me prépare soit un thé vert à la menthe, soit un jus de citron pressé dans de l’eau chaude. Puis direction mon cours de yoga au studio Paris Yoga Shala. Le cours débute à 7h30, avec le meilleur prof d’Ashtanga de la capitale : Jihem Doe.
Pour les intéressé(e)s, j’y suis tous les lundi, mercredi et vendredi matin ! Après 1h30 de postures sur le tapis (et un café), la journée peut commencer :).
Comment fais tu pour déconnecter d’une journée de travail / le weekend ?
J’ai la chance de travailler en free lance, et de pouvoir déconnecter quand bon me semble, si je ressens un trop pleins à l’intérieur. Globalement, je conseille à n’importe qui de couper son téléphone le soir, après une grosse journée de travail. Généralement, je mets le mien en mode avion à partir de 21h30, et j’ouvre un bouquin. Rien de mieux pour déconnecter et s’apaiser l’esprit avant d’aller se coucher. Le weekend : passer du temps avec ses amis autour d’un café, d’une expo ou autre. Mais globalement : décoller au plus possible ses yeux d’un écran !
« Inhale, Exhale ». La respiration profonde et consciente, rien de mieux selon moi pour parvenir à apaiser son stress ! De mon côté, la pratique quotidienne du yoga m’a énormément aidé dans ma gestion du stress. Je suis tellement plus sereine, les petits tracas « glissent » beaucoup plus. J’ai fais un gros travail sur moi même pour relativiser au maximum. J’ai appris à prendre beaucoup plus de recul, à me concentrer sur le positif, et à mettre de la distance avec les relations que je ressens comme « toxiques » pour moi.
As tu des mantras qui te renforcent et t’aident à garder le cap ?
Mon merveilleux prof de yoga m’a appris un mantra un jour : « Lokah Samastah Sukhino Bhavantu. » En sanskrit, il signifie « Que tous les êtres, dans tous les mondes, soient heureux et libres. Que mes paroles, mes pensées, mes actions, puissent contribuer à cette paix et à ce bonheur pour le bénéfice de tous. » Je crois que tout est dit …
Tu viens de finir un livre de 700 pages sur le monde des saints et des yogis. Comment cette philosophie de vie t’aide-t-elle au quotidien ?
Je ne remercierai jamais assez Jihem de m’avoir fait découvrir le yoga, et particulièrement l’Ashtanga. L’Ashtanga est un type de yoga dynamique qui nécessite beaucoup de rigueur.
Cette pratique m’a apporté tellement, tant physiquement que mentalement. Plus je gagne en force physique, plus je ressens un gain énorme en force mentale. Et en confiance en moi. Je n’ai jamais été particulièrement à l’aise avec mon corps. Aujourd’hui je considère davantage mon corps comme une « enveloppe » de mon « moi », et j’apprends à ne plus me préoccuper du regard ou du jugement des autres.
« Autobiographie d’un yogi » raconte le chemin spirituel d’un Yogi, (Yogananda) ; je recommande à quiconque de le lire, avec beaucoup de recul bien sûr. On en tire de très beaux enseignements de vie ! J’ai commencé récemment « Yoga Mala », de Sri K Pattabhi Jois, le fondateur de l’Ashtanga. Il explique les fondements de cette pratique et décrit, asana par asana, les bienfaits de chacune des postures qui constituent la première série. Un basique !
Je vais surement paraître peu originale, mais je considère la beauté comme quelques chose de totalement subjectif. Une personne est pour moi belle extérieurement si elle est avant tout belle intérieurement. Je crois dur comme fer à ce mantra ! Je parle d’ailleurs souvent de personnalités « solaires » … celles qui ont une aura tellement forte, qu’elles parviennent à tirer quiconque vers le haut.
Comment prends-tu soin de ta peau et de ton corps/mental ?
Depuis que j’ai commencé une alimentation 100% végétale, je n’ai plus eu aucun problème de peau ! J’applique du coup simplement une crème hydratante le matin, que je mélange le soir avec une huile 100% naturelle (en ce moment, c’est l’huile de carottes de la marque Weleda).
Mon alimentation au quotidien reste relativement saine et équilibrée, et je n’ai jamais fumé.
Selon moi, cela joue un rôle primordial sur la santé de la peau mais aussi du corps et du mental. Les 3 sont de toute façon intimement liés…
J’adore l’alimentation raw, que je trouve hyper nourrissante et gouteuse. J’ai un système digestif un peu grognon, du coup j’ai tendance à étaler mes apports sous forme de petites portions. Je proscris bien entendu les produits industrialisés (bourrés de sel, de sucre et de mauvaises graisses), l’huile de palme (meurtrière pour l’environnement) et le sucre raffiné. En fait, je trouve l’essentiel de mes apports dans les fruits secs, fruits à coques, légumineuses, fruits et légumes frais.
La pratique quotidienne du Yoga est enfin selon moi un parfait complément. Dans le livre Yoga Mala que je mentionnais plus tôt, il y est justement expliqué tous les aspects curatifs de l’Ashtanga. En Inde, contrairement à l’Occident, le yoga est considéré comme une véritable science ; une éthique, un chemin de vie spirituelle, dont le but ultime est la purification de l’esprit et du corps (le Ananda, ou bonheur suprêmeen sanskrit).
Basé sur le vinyasa (coordination du souffle et du mouvement), l’Ashtanga propose 6 séries d’asanas (postures yogiques) ; 1 série par jour, le 7eme jour étant un jour de repos. Ces séries se composent donc d’une succession d’asanas, dont il est primordial d’en respecter l’ordre afin d’en tirer tous les bénéfices sur le corps et l’esprit.
Enfin, qui aimerais-tu voir interviewée ici prochainement ?
Lucie de @LittleLucieInParis
Retrouvez le travail de Marine Chapon sur son blog Tales of her, son instagram @marine_chpn et suivez son aventure sur @wilo_official.
Photos de Louise Skadhauge.